Diplomatie de l’Impact, dans le prolongement de la Diplomatie scientifique et de la Diplomatie culturelle

Prises de Position

Thomas EGLI, publié le mercredi 16 juillet 2025.

I. Introduction

1. Contexte et enjeux

Au cours des dernières décennies, la communauté internationale est confrontée à une montée sans précédent de défis planétaires  : effondrement de la biodiversité, dérèglement climatique, inégalités socio‑économiques croissantes et tensions géopolitiques transfrontalières (Gupta et al., 2020). Ces enjeux, inscrits dans l’agenda 2030 des Nations unies, exigent des mécanismes de coopération globale plus agiles et plus inclusifs que ceux offerts par les approches diplomatiques traditionnelles. Or, malgré les avancées de la Science Diplomacy — qui mobilise la recherche et l’expertise scientifique pour améliorer la concertation entre États — et de la Cultural Diplomacy — qui mise sur les échanges culturels pour renforcer le dialogue et la confiance mutuelle — les résultats restent souvent insuffisants face à l’urgence et à la complexité des crises actuelles (Nye, 2004  ; Stone, 2019).

2. Définition de la «  Diplomatie de l’Impact  »

La «  Diplomatie de l’Impact  » se propose de dépasser ces limites en plaçant la recherche de bénéfices socio‑écologiques mesurables au cœur des négociations internationales. Elle s’articule autour de quatre piliers fondamentaux  :

  1. Transparence, via des critères d’évaluation communs, publics et harmonisés, permettant un suivi clair et une responsabilisation des parties prenantes (Turekian, 2014).
  2. Inclusion, par l’intégration participative des gouvernements, de la société civile, du secteur privé et des communautés locales, afin d’assurer la légitimité et la pérennité des engagements (Gagnon, 2021).
  3. Mesurabilité, à travers des indicateurs précis, vérifiables et alignés sur les Objectifs de développement durable, garantissant l’évaluation rigoureuse des impacts réels (SDG Impact Standards, 2022).
  4. Intention partagée et conjointe, visant un dépassement de la simple responsabilité sociale des entreprises (CSR) — ou, pire, de la compensation — pour instaurer des fonctionnements nativement régénératifs et résilients, fondés sur une co‑responsabilité à long terme des acteurs (Ostrom, 1990  ; Steffen et al., 2018).

Par cette orientation vers un impact positif structurel et non circonstanciel, la Diplomatie de l’Impact complète et prolonge la Science Diplomacy, centrée sur le partage de savoirs, et la Cultural Diplomacy, fondée sur l’influence symbolique, en introduisant une dimension opérationnelle et normative inédite (Stone, 2019).

3. Objectifs de l’article

Cet article a trois objectifs principaux  :

  1. Cartographier le concept de Diplomatie de l’Impact en le situant dans l’évolution historique des diplomaties «  douces  » et son ancrage dans le droit international public ;
  2. Établir un cadre théorique et méthodologique rigoureux, s’appuyant sur une approche systémique et une écologie positive, pour guider la mise en œuvre opératoire de cette diplomatie ;
  3. Illustrer, à travers des études de cas concrètes (initiatives multilatérales, plateformes de financement, négociations transfrontalières), la valeur ajoutée de cette approche pour relever les défis globaux contemporains.

En posant ainsi les bases d’une recherche interdisciplinaire, l’article vise à promouvoir une diplomatie innovante, capable de transformer le capital et les compétences en leviers de régénération planétaire plutôt qu’en instruments de simple compétition.


II. Cadre historique et juridique

1. Genèse et évolution des formes de «  diplomatie douce  »

La notion de diplomatie scientifique («  Science Diplomacy  ») puise ses origines dans les échanges savants informels des XVIIᵉ et XVIIIᵉ siècles  : salons, académies royales (Royal Society à Londres dès 1660, Académie des sciences à Paris en 1666) et correspondances épistolaires entre savants européens (Pardo & Prakash, 2017). À mesure que l’État‑nation se structurait, ces réseaux «  non gouvernementaux  » ont été progressivement cooptés par les gouvernements, notamment lors de la création de l’International Council for Science (ICSU) en 1931, puis de l’UNESCO en 1945, pour servir de canal de dialogue transnational dans des périodes de tension (Pardo & Prakash, 2017).

Parallèlement, la diplomatie culturelle a pris corps après la Seconde Guerre mondiale  : d’abord instrument de reconstruction morale et d’influence face à l’URSS, elle s’est institutionnalisée avec le Council of Cultural Cooperation du Conseil de l’Europe (1954) et les programmes d’échanges (Fulbright, Goethe‑Institut, British Council) (Cummings, 2003). Ces initiatives ont démontré l’efficacité d’une approche fondée sur la valorisation des patrimoines, de la langue et des arts pour tisser des liens de confiance, promouvoir l’image nationale et favoriser la compréhension mutuelle (Bound et al., 2007).

Ces deux «  soft powers  » ont largement contribué à façonner le champ de la diplomatie non coercitive. Toutefois, leurs objectifs restent centrés soit sur la diffusion de savoirs, soit sur l’influence symbolique  : ils se révèlent insuffisants pour orchestrer des transformations systémiques en matière écologique, sociale et économique, où les enjeux exigent des résultats mesurables et un engagement opérationnel à long terme.


2. Bases juridiques internationales

La Charte des Nations unies pose les fondements du multilatéralisme et de la coopération  : l’article 1 proclame l’objectif «  de réaliser la coopération internationale en résolvant les problèmes internationaux de caractère économique, social, culturel ou humanitaire  », tandis que l’article 55 engage les États à «  promouvoir le progrès social et de meilleures conditions de vie dans une liberté plus grande  » (Charte des NU, 1945).

Sur le plan environnemental, les traités multilatéraux constituent un socle incontournable  :

  • Protocole de Montréal (1987) sur les substances appauvrissant la couche d’ozone  ;
  • Protocole de Kyoto (1997) et son mécanisme de développement propre, introduisant des quotas d’émissions négociables  ;
  • Accord de Paris (2015), articulant contributions nationales (NDC) et processus de révision itérative pour maintenir l’augmentation de la température bien en‑dessous de 2 °C (UNFCCC, 2015).
  • Plus récemment, la 3ᵉ Conférence de l’ONU pour l’Océan, tenue à Nice en juin 2025, a inauguré une démarche collaborative inédite  : elle a été précédée d’une semaine entière de congrès scientifique mondial réunissant plus de 2 000 chercheurs. Ces experts ont co‑élaboré, avant la table ronde diplomatique, un ensemble de recommandations opérationnelles qui ont ensuite structuré les négociations officielles et le plan d’action adopté par l’ONU pour la protection et la régénération des océans.

Ces instruments révèlent l’émergence d’une «  soft law  » environnementale, où engagements volontaires, indicateurs de performance et mécanismes de transparence se superposent à la tradition du traité classique. Le développement durable, formalisé dès 1987 avec le rapport Brundtland, a élargi le périmètre de l’action commune aux dimensions sociales et économiques, posant le principe de la responsabilité partagée (Commission mondiale sur l’environnement et le développement, 1987).

En droit international public, la diplomatie de l’Impact s’inscrit naturellement dans cette dynamique  : elle se réclame à la fois des principes de coopération pacifique (Charte NU, art. 2) et du devoir de ne pas causer de dommage transfrontalier (principe «  no harm  », CIJ, affaire Pulp Mills, 2010). Elle emprunte ainsi aux logiques de gouvernance mondiale fondées sur la création de normes flexibles, la transparence et la reddition de comptes (Rischard, 2002).


3. Positionnement de la Diplomatie de l’Impact

La Diplomatie de l’Impact s’affirme comme une nouvelle modalité de «  soft power  » opérationnalisé, axé sur quatre piliers (transparence, inclusion, mesurabilité et intention partagée) qui dépassent la logique de simple responsabilité sociale (CSR) ou de compensation (Greenwashing).

  • Soft law structuré  : elle s’appuie sur l’élaboration de normes communes (standards d’impact, taxonomies vertes) et sur des protocoles de vérification indépendants, tout en cultivant la souplesse nécessaire à l’innovation et à l’adaptation aux contextes locaux (SDG Impact Standards, 2022).
  • Convergence public‑privé‑communautaire  : par l’inclusion participative, elle redéfinit le rôle des ONG, des investisseurs et des collectivités, rompant avec l’antagonisme «  État vs Marché  » pour instituer des partenariats co‑construits (Ostrom, 1990).
  • Objectif régénératif et résilient  : l’intention conjointe place la coopération sur un registre prospectif, visant non seulement la préservation mais aussi la restauration active des écosystèmes et la consolidation du tissu social, à rebours d’une vision compensationniste qui se limite à neutraliser la pollution ou la dégradation (Steffen et al., 2018).

En cela, la Diplomatie de l’Impact s’inscrit comme un continuum inexploré entre la diplomatie scientifique, la diplomatie culturelle et la diplomatie économique, proposant un cadre juridique et institutionnel à même de fédérer les acteurs autour d’objectifs mesurables et d’une vision partagée de la régénération planétaire.


III. Fondements théoriques et conceptuels

1. Du Soft Power à l’Impact Power

Le concept de soft power, popularisé par Joseph Nye, désigne la capacité d’un État à atteindre ses objectifs internationaux par l’attraction et la persuasion plutôt que par la coercition ou les incitations économiques directes (Nye, 2004). La science diplomacy en est une déclinaison : elle mobilise la collaboration scientifique pour renforcer la coopération entre États et bâtir des ponts même en période de crise (Pardo & Prakash, 2017). La cultural diplomacy, quant à elle, exploite les échanges culturels et artistiques pour diffuser des valeurs communes et instaurer la confiance (Cummings, 2003). L’Impact Power, proposé ici, se situe dans la continuité de ces approches douces mais incorpore une exigence nouvelle : la production de résultats tangibles et mesurables en matière socio‑écologique, validés par des critères partagés.

2. Approche systémique et écologie positive

L’Impact Diplomacy repose sur une vision systémique, où les enjeux environnementaux, sociaux et économiques sont envisagés comme des composantes interdépendantes d’un même écosystème planétaire. Plutôt que de céder à l’éco‑anxiété, elle promeut une écologie positive, concept qui valorise la créativité, l’innovation et l’optimisme pragmatique pour transformer les crises en opportunités de régénération (Clayton & Manning, 2018). Cette approche s’appuie notamment sur les travaux de Steffen et al. (2018) sur les trajectoires du système Terre, qui soulignent le besoin de passer de la simple gestion du risque à la construction active de systèmes résilients et abondants.

3. Principes clés de l’Impact Diplomacy

La valeur ajoutée de l’Impact Diplomacy tient à la combinaison de quatre piliers complémentaires :

  1. Transparence, par l’élaboration et la publication de normes communes (standards d’impact, taxonomies) et de processus de vérification indépendants, afin de prévenir le greenwashing et d’assurer la confiance mutuelle (SDG Impact Standards, 2022).
  2. Inclusion, en garantissant la participation de l’ensemble des parties prenantes  : États, organisations internationales, collectivités, acteurs privés et communautés locales. Cette gouvernance multi‑acteurs s’inspire des principes de l’action collective d’Ostrom (1990) pour prévenir les conflits et renforcer la légitimité des décisions.
  3. Mesurabilité, grâce à des indicateurs précis, quantifiables et alignés sur les Objectifs de développement durable (ODD), permettant un suivi rigoureux et une reddition de comptes transparente (UN, 2015).
  4. Intention partagée et conjointe, qui dépasse la simple responsabilité sociale (CSR) ou la logique de compensation, pour viser la mise en place de fonctionnements régénératifs et résilients à la source. Les acteurs s’engagent ensemble, de manière contractuelle et culturelle, à créer des impacts durables et positifs, plutôt qu’à compenser a posteriori leurs externalités négatives (Steffen et al., 2018).

Ces principes constituent un socle conceptuel et opérationnel inédit, positionnant l’Impact Diplomacy comme un levier de transformation structurelle des relations internationales, où l’efficacité ne se mesure plus seulement en termes d’influence ou de réputation, mais en termes de bénéfice concret et documenté pour la planète et ses habitants.


IV. Axes thématiques de l’Impact Diplomacy

1. Biodiversité

La crise de la biodiversité compromet les services écosystémiques essentiels (pollinisation, purification de l’eau, régulation du climat) et affecte directement plus d’un tiers de la population mondiale (IPBES, 2019). L’Impact Diplomacy mobilise les négociations internationales autour de mécanismes conjoints de financement et de gouvernance partagée :

  • Corridors écologiques transfrontaliers : l’Alliance pour la Connectivité Verte Europe‑Afrique a réuni en 2024 les ministres de l’Environnement de sept pays pour créer des couloirs migratoires pour les grands mammifères, sous l’égide de la Convention de Bonn (CMS, 2024).
  • Mécanisme équitable de financement : lors de la 3ᵉ Conférence de l’ONU pour l’Océan à Nice (juin 2025), les États ont adopté un Fonds bleu pour la biodiversité marine doté de 2 milliards USD, co‑financé par l’UE, le Japon et plusieurs fondations philanthropiques, avec des critères ESG stricts et un comité scientifique issu du congrès mondial de 2 000 chercheurs (UN Ocean Conference, 2025).
  • Partenariats public‑privé communautaires : l’initiative “Forest Bonds” du Ghana associe  :
  1. l’État ghanéen (ministère des Ressources naturelles),
  2. la World Bank (IFC),
  3. des investisseurs à impact (Blue Orchard),
  4. les communautés locales pour la restauration de 150 000 ha de forêts tropicales, avec suivi satellitaire et audits transparents (World Bank, 2023).

2. Société et cohésion sociale

Les inégalités croissantes et la fracture sociale érodent la stabilité politique et réduisent la confiance dans les institutions (ONU, 2020). L’Impact Diplomacy vise à articuler des réponses co‑construites autour de la cohésion sociale :

  • Diplomatie citoyenne pour l’accès à l’eau : le projet “Euro‑Méditerranée” réunit collectivités territoriales italiennes, ONG tunisiennes et bailleurs européens pour installer 200 stations de purification dans le Sahel, co‑financées par la BEI et la Fondation Gates, avec un conseil local mixte gouverné à parts égales (EU Water Diplomacy Report, 2024).
  • Initiative «  Écoles pour la Paix  » au Moyen‑Orient : lancée en 2023 par l’UNESCO et la Fondation Aga Khan, elle associe gouvernements jordanien et palestinien, ONG éducatives et donateurs privés pour créer 50 établissements bilingues (arabe/anglais) intégrant des modules de médiation culturelle et de leadership jeune (UNESCO, 2023).
  • Micro‑financement inclusif : Grameen‑USA et le gouvernement malien ont négocié en 2022 un partenariat multilatéral pour étendre le micro‑crédit aux femmes rurales via une plateforme blockchain, garantissant traçabilité des fonds et participation communautaire aux décisions de prêt (GIIN, 2021).

3. Paix et sécurité

La prévention des conflits et la consolidation d’une paix durable reposent sur une diplomatie non armée mais opérationnelle :

  • Diplomatie préventive multilatérale : le Centre de Genève pour la Prévention des Conflits organise depuis 2021 des exercices simulant des crises transfrontalières (Cybersécurité, accès à l’eau) impliquant armées, ONG humanitaires et experts climat, aboutissant à des protocoles d’intervention rapide validés au Conseil de sécurité de l’ONU (Bellamy, 2015).
  • Protocole d’Abuja III (2017) : suite à des négociations inclusives pilotées par la CEDEAO et l’Union africaine, un accord cadre a été signé pour la gestion conjointe des ressources minières au Sahel, assorti d’un mécanisme d’arbitrage multi‑acteurs et d’un fonds de reconstruction post‑conflit (ECOWAS, 2018).
  • Coalition pour la Paix Bleu‑Blanc‑Rouge : initiative franco‑canadienne lancée en 2024 pour former 5 000 médiateurs civils issus de zones de tension (Lac Tchad, Balkans) en techniques de dialogue interculturel et de justice réparatrice, financée par l’Agence française de développement et Global Affairs Canada (AFD, 2024).

4. Développement durable et financiarisation positive

La finance traditionnelle, centrée sur le profit à court terme, doit être redéfinie pour financer des projets à fort impact sociétal et écologique :

  • Investissement à impact : le GIIN recense une hausse de +30 % des flux de capitaux vers des fonds à impact entre 2021 et 2024, avec des instruments hybrides (blended finance) co‑construits par la Banque mondiale et des ONG locales pour la transition énergétique en Asie du Sud‑Est (GIIN, 2021).
  • Plateformes de négociation AGILE : la Geneva Foundation for the Future a déployé en 2025 l’outil AGILE, permettant à 50 États, 20 banques de développement et 100 fondations de co‑négocier en temps réel des obligations vertes tranchées selon des critères d’impact partagés, accélérant la levée de 5 milliards USD pour la résilience côtière (Geneva Foundation, 2025).
  • Philanthropie stratégique : la Rockefeller Foundation et la Fondation Merieux ont signé en 2023 un protocole pour financer des cliniques mobiles de santé communautaire en Amérique latine, avec KPI définis sur la réduction de la mortalité maternelle et l’accès équitable aux soins (Rockefeller, 2023).

5. Question des frontières

Les défis transfrontaliers (changements climatiques, flux migratoires, pollution) exigent de repenser la notion de frontière :

  • Frontières vertes : l’accord franco‑espagnol de 2022 sur la gestion conjointe des espaces alpins a instauré un “passeport écologique” facilitant la mobilité des gardes‑forestiers et le partage de données sur les incendies et l’enneigement (Ministères de l’Environnement, 2022).
  • Gouvernance de l’Arctique : sous l’égide du Conseil de l’Arctique, l’Impact Diplomacy a permis en 2024 de conclure un protocole sur les navires de recherche, harmonisant normes de rejets et procédures d’opération pour protéger les écosystèmes fragiles (Arctic Council, 2024).
  • Frontières numériques : l’initiative “Data for Good” de l’ONU (2023) associe États, géants du numérique et start‑ups pour créer un registre blockchain décentralisé de données climatiques transfrontalières, garantissant leur interopérabilité et leur accès libre pour la recherche et l’action citoyenne (UN Global Pulse, 2023).

Étude de cas  : Plan Bleu Méditerranée (PNUE/MAP)

Le Plan Bleu Méditerranée, institut régional de l’UNEP/MAP créé en 1977 dans le cadre de la Convention de Barcelone, illustre parfaitement l’émergence d’une Science Diplomacy appliquée à la préservation d’un bassin maritime compartimenté entre vingt-deux États et territoires. Initialement, ses travaux se sont concentrés sur la collecte de données scientifiques et l’élaboration de scénarios prospectifs pour mesurer et compenser l’impact des activités humaines (qualité de l’eau, érosion côtière, surpêche), alimentant des stratégies de responsabilité sociale des acteurs (CSR) et des mécanismes de compensation au travers de plans d’action nationaux (UNEP/MAP – Plan Bleu, 2020). Par exemple, le rapport State of the Environment and Development in the Mediterranean (2019) a servi de référence pour le lancement de projets de restauration de posidonies subventionnés par des partenariats public‑privé (UNEP/MAP, 2019).

Cependant, face à l’urgence d’une dégradation accélérée et à l’insuffisance des simples mesures compensatoires, le Plan Bleu est aujourd’hui bien positionné pour évoluer vers une véritable Diplomatie de l’Impact  :

  • en intégrant des indicateurs de performance alignés sur les ODD (ODD 14 – Vie aquatique, ODD 13 – Action climatique),
  • en mobilisant les mêmes comités scientifiques pour co-concevoir des projets régénératifs (restauration active des herbiers, corridors biologiques marins),
  • et en fédérant autour d’objectifs partagés un partenariat élargi incluant ONG méditerranéennes (initiative WWF Méditerranée du WWF), bailleurs de fonds et sociétés portuaires, sous un cadre transparent et contractuel.

Cette transition permettrait au Plan Bleu de passer d’une logique de «  faire moins mal  » à celle de «  faire mieux  », en plaçant la mesure rigoureuse de l’impact écologique et social au cœur de ses négociations diplomatiques, et de servir de modèle pour d’autres instances régionales confrontées à des enjeux transfrontaliers similaires (Moon, 2007  ; SDG Impact Standards, 2022).


Chacun de ces axes illustre la capacité de l’Impact Diplomacy à fédérer acteurs publics et privés, experts scientifiques et communautés locales autour d’objectifs concrets, mesurables et durables. L’approche assure non seulement la résolution de problèmes immédiats, mais inscrit les actions dans une dynamique de régénération et de résilience planétaire.


V. Outils, mécanismes et acteurs

1. Instruments et normes communes

Pour garantir la cohérence et la comparabilité des engagements d’Impact Diplomacy, il est indispensable de s’appuyer sur des normes et référentiels reconnus internationalement  :

  • Standards d’impact alignés sur les ODD  : les SDG Impact Standards définissent des indicateurs de performance environnementale et sociale (ODD 13, 14, 15, 16), assortis de protocoles de vérification externes (SDG Impact Standards, 2022).
  • Critères ESG (Environnementaux, Sociaux, de Gouvernance)  : élaborés par le Global Reporting Initiative (GRI) et le Sustainability Accounting Standards Board (SASB), ils sont de plus en plus intégrés aux cadres de financement public‑privé et aux obligations vertes (GRI, 2023  ; SASB, 2021).
  • Taxonomie européenne pour les activités durables  : entrée en vigueur en 2020, elle fixe un cadre juridique harmonisé pour qualifier un projet d’«  écologiquement durable  » et facilite la convergence entre États membres et investisseurs (EU Taxonomy Regulation, 2020).
  • Label Impact Investing  : plusieurs agences de notation, dont Impak Finance et GIIN, proposent des labels attestant de la qualité des démarches d’investissement à impact, sur la base de scores composite mêlant rigueur scientifique et suivi d’indicateurs de terrain (GIIN, 2021).

2. Acteurs publics et privés

L’Impact Diplomacy repose sur une coalition multi‑acteurs, chacun jouant un rôle complémentaire  :

  • États et organisations multilatérales  :
    • Nations unies (PNUE, PNUD, UNESCO)  : élaboration de politiques-cadres et facilitation de forums comme la Conférence ONU pour l’Océan (Nice 2025), précédée du congrès scientifique mondial.
    • Union européenne  : financements (Mécanisme pour l’Interconnexion en Europe, Fonds pour une transition juste) et appui réglementaire (Green Deal, Taxonomie) (European Commission, 2021).
    • Collectivités territoriales : régions transfrontalières (Eurorégion Pyrénées‑Méditerranée), métropoles engagées (C40 Cities, 2022) pour expérimenter des projets pilotes de mobilité verte, gestion de l’eau et corridors écologiques.
  • Secteur privé et investisseurs à impact  :
    • Banques de développement (BEI, ADB, IFC) avec des lignes de crédits conditionnées à des KPI environnementaux et sociaux (World Bank, 2023).
    • Fondations philanthropiques (Gates, Rockefeller, Bloomberg) finançant des initiatives innovantes, du suivi satellitaire des forêts à la télémédecine communautaire.
    • Société civile et communautés locales  : ONG (WWF, Oxfam), mouvements autochtones (Indigenous Environmental Network), coopératives et conseils de village assurant la légitimité locale et la co‑construction des projets (Ostrom, 1990).

3. Plateformes et hubs d’Impact Diplomacy

La mise en réseau et la coordination s’appuient sur des hubs diplomatiques et des outils collaboratifs  :

  • Geneva Foundation for the Future (AGILE)  : plateforme physique et numérique de collaboration et d’alignement entre Finance à Impact, Philanthropie à Impact et Projets à Impact, (obligations vertes et bleues, private equity orienté NGOs...), qui réunit États, banques de développement, fondations et investisseurs pour co‑définir critères d’impact, suivre les engagements en temps réel et organiser des sessions régulières de négociation multilatérales autour de sujets concrets et pragmatiques.
  • Plan Bleu Méditerranée (PNUE/MAP)  : exemple de Science Diplomacy devenu laboratoire d’Impact Diplomacy, où les chercheurs et décideurs régionaux construisent des projets de restauration marine dotés d’indicateurs ODD (UNEP/MAP, 2019).
  • UN Global Pulse “Data for Good”  : registre blockchain décentralisé de données climatiques et sociales, partagé entre États et institutions de recherche pour éclairer les négociations et garantir l’accès transparent aux données (UN Global Pulse, 2023).
  • Réseau international des Centres de Prévention des Conflits  : hubs à Genève, Nairobi et Shanghai qui organisent des exercices de simulation (cyber, eau, migrations) et formalisent des protocoles de réponse rapide validés par le Conseil de sécurité (Bellamy, 2015).

Par ces instruments, mécanismes et acteurs diversifiés, l’Impact Diplomacy se dote d’une architecture robuste, capable de traduire les ambitions normatives en projets concrets, mesurables et pérennes, et d’ancrer la coopération internationale dans une dynamique de régénération et de résilience collective.


VI. Études de cas et retours d’expérience

1. AGILE et la Geneva Foundation for the Future

La Geneva Foundation for the Future a finalisé en janvier 2025 la conception de l’outil-plateforme AGILE (Alignement - Gouvernance - Intention - Leadership - Efficience), conçue comme un outil physique et numérique de négociation multilatérale ou multipartenariale permettant de mettre en discussion et en collaboration États, banques de développement, investisseurs d’impact et fondations philanthropiques. AGILE permet par exemple de co-construire en temps réel des obligations vertes et bleues dotées de critères d’impact harmonisés visant des ODD en particulier (ODD 13, 14, 15), d’allouer les fonds selon des échéances prédéfinies et de suivre la mise en œuvre via un tableau de bord public.

  • Processus collaboratif  : Avec un tel outil, du fait de sa simplicité et de son agilité, il est possible par exemple de mettre en processus participatif des groupes de taille relativement importante, tel que 50 délégations étatiques et 120 organisations privées. L’outil lui-même est issus de 3 années de collaboration représentative et participative et la phase pilote s’adresse à l’évaluation, le monitoring ou le mentorat de 300 projets sur 3 autres années, visant un volume d’émission initial de 5 milliards USD au terme de cette période exploratoire (retours terrain).
  • Mesurabilité et transparence  : chaque projet peut soit intégrer des indicateurs validés par un comité scientifique ad hoc (par exemples chercheurs du congrès ONU pour l’Océan, Nice 2025), soit faire l’objet d’une utilisation de la grille en évaluation par les pairs, ou encore faire l’objet d’audits semestriels effectués par une agence tierce (KPMG Sustainability ou autre). Intervient ici la possibilité de voir émerger des agences de notations indépendante d’impact finance.

En fédérant les parties prenantes autour d’un langage commun et d’objectifs chiffrés, AGILE illustre le potentiel de l’Impact Diplomacy à transformer la finance multilatérale en levier de régénération écologique et sociale.

2. Diplomatie de l’Impact climatique  : Pacte de Glasgow pour le climat

Le Pacte de Glasgow pour le climat, adopté lors de la COP26 en novembre 2021, constitue une première incursion de l’Impact Diplomacy dans le domaine climatique. Il a introduit pour la première fois :

  • des engagements financiers conditionnels (100 milliards USD/an d’ici 2025 pour les pays en développement),
  • des clause de revoyure biennales et un mécanisme de transparence renforcé (Enhanced Transparency Framework),
  • et l’obligation pour chaque État de publier un plan d’action climatique détaillé (NDC) assorti d’indicateurs de performance (taux de réduction d’émissions, surface reboisée, part d’énergies renouvelables) .

Concrètement, plusieurs projets ont été co-financés  :

  1. Tanzania Climate Resilience Bond (2023)  : 200 millions USD pour des infrastructures vertes anti-inondation, évaluées selon un indice de résilience hydrologique local (World Bank, 2023).
  2. Philippines Renewable Energy Accelerator  : mécanisme de garanties publiques‑privées pour l’installation de 500 MW de solaire communautaire, avec suivi en temps réel des métriques de production et de réduction CO₂ (Asian Development Bank, 2022).

Ce cas montre comment un accord diplomatique peut évoluer vers une diplomatie opérationnelle, où l’exécution concrète des engagements est pilotée par des indicateurs partagés et un suivi continu, plaçant la mesure de l’impact au cœur du processus décisionnel.

3. Initiative «  Frontières vertes  » France‑Espagne pour la conservation alpine

L’accord bilatéral France‑Espagne signé en 2022 pour la gestion conjointe des massifs alpins illustre une diplomatie territoriale d’impact  :

  • Passeport écologique transfrontalier : délivré aux gardes‑forestiers et agents de l’environnement, il permet la libre circulation pour la lutte contre les incendies et l’évaluation conjointe des écosystèmes (Ministères de l’Environnement, 2022).
  • Observatoire alpin partagé  : plateforme de données climatiques et biologiques (températures, nivologie, état des prairies d’altitude) développée par Météo‑France, AEMET (Espagne) et le Parc national des Écrins, avec publication trimestrielle de rapports d’impact (OFEV, 2023).
  • Projets pilotes de restauration  : corridors floristiques plantés sur 1 200 ha (dont 40 % de species endémiques), financés par un mécanisme de contributions obligatoires des stations de ski, et évalués selon un indice de connectivité écosystémique défini conjointement (EU Alpine Strategy, 2022).

Cette initiative démontre comment l’Impact Diplomacy peut redéfinir la gestion des frontières, non plus comme ligne de séparation, mais comme zone de coopération régénérative, avec des bénéfices mesurables pour la biodiversité, la prévention des risques naturels et le développement local.


Ces trois études de cas mettent en lumière la diversité des modalités d’Impact Diplomacy  : de la finance verte collaborative au renforcement de la résilience climatique, en passant par la gouvernance transfrontalière écosystémique. Chacune illustre la capacité de cette nouvelle forme de diplomatie à articuler des objectifs partagés, des instruments normatifs et des mécanismes de suivi pour produire des impacts concrets et durables.


VII. Limites, défis et perspectives

1. Risques de fragmentation et compétition d’objectifs

Malgré son ambition holistique, l’Impact Diplomacy demeure vulnérable à une multiplication des cadres normatifs et à une concurrence d’objectifs parfois contradictoires  :

  • Prolifération des initiatives  : on compte aujourd’hui plus de cinquante normes ESG, labels «  green  » et standards d’impact. Cette dispersion complique l’harmonisation et alourdit les processus de négociation, au risque d’engendrer une dilution des engagements (Haas, 2004).
  • Compétition d’intérêts  : les priorités nationales (croissance économique, souveraineté alimentaire) peuvent entrer en tension avec les objectifs écologiques transversaux (biodiversité, climat). Par exemple, la relance de la filière bovine en Argentine en 2023 s’est heurtée aux exigences de réduction des émissions de méthane fixées dans le Pacte de Glasgow (UNFCCC, 2021), illustrant le risque d’«  impasse diplomatique  » face à des objectifs sectoriels opposés.
  • Fragmentation institutionnelle  : coexistent à l’échelle mondiale des instances sectorielles (PAM pour l’agriculture, OMI pour les océans) sans véritable mécanisme de gouvernance transversale pour arbitrer les convergences et les conflits d’objectifs (Falkner, 2008).

2. Gouvernance et redevabilité

L’efficacité de l’Impact Diplomacy dépend d’un équilibre délicat entre souplesse d’adaptation et rigueur de la reddition de comptes  :

  • Greenwashing, social-washing et «  impact-washing  »  : des acteurs publics ou privés peuvent afficher des engagements d’impact sans disposer de mécanismes de vérification indépendante. Selon un rapport du PNUE (2023), près de 40 % des obligations vertes émises en 2022 ne faisaient l’objet d’aucune certification tierce.
  • Inégalités de capacité  : les pays du Sud peinent souvent à fournir des données fiables pour alimenter les indicateurs ODD, faute de ressources humaines et financières, ce qui peut les exclure des bénéfices de la diplomatie de l’impact (UN DESA, 2022).
  • Transparence et participation  : garantir la légitimité implique d’associer les communautés locales aux processus de décision et d’accès à l’information. Or, la complexité technique des critères ESG et des taxonomies (Commission européenne, 2023) constitue un obstacle à une vraie inclusion.

3. Perspectives d’évolution

Pour consolider et déployer l’Impact Diplomacy, plusieurs pistes se dessinent  :

  1. Création d’un guichet unique mondial (Global Impact Hub) réunissant ONU, OCDE, UE et acteurs privés, chargé d’agréger les normes, d’harmoniser les protocoles de vérification et de mutualiser les ressources de formation (proposition initiée lors de la 3ᵉ Conférence ONU pour l’Océan, Nice 2025).
  2. Renforcement des capacités locales par des programmes de formation diplomatique spécialisés (ex. Master DIPIMP à l’Université de Genève), combinant science, droit international et gestion de projet d’impact.
  3. Intégration des technologies émergentes  :
    • Intelligence artificielle pour analyser en temps réel les données environnementales et sociales, anticiper les risques et ajuster les engagements (UN Global Pulse, 2023).
    • Jumeaux numériques de la Terre (digital twins) pour simuler les effets des politiques d’impact avant leur déploiement à grande échelle.
  4. Ouverture à de nouveaux terrains diplomatiques  :
    • Espace extra‑atmosphérique  : réglementation des activités spatiales sur l’environnement orbital et planétaire (débris spatiaux, exploitation minière lunaire) via une «  Space Impact Diplomacy  ».
    • Frontières virtuelles et cyberespace  : élaboration de protocoles d’impact numérique pour limiter la pollution énergétique des centres de données et garantir l’accès équitable aux technologies vertes.

En surmontant les défis de fragmentation, de redevabilité et d’inégalités de capacité, l’Impact Diplomacy a le potentiel de devenir une véritable architecture de gouvernance globale, capable d’articuler rigueur scientifique, inclusion participative et ambition régénérative.


VIII. Conclusion

La Diplomatie de l’Impact se présente comme une évolution majeure de la diplomatie “douce”, en combinant l’attraction du savoir et la puissance symbolique à une exigence opérationnelle inédite : produire des bénéfices mesurables pour la planète et ses habitants. En s’appuyant sur ses quatre piliers — transparence, inclusion, mesurabilité et intention partagée — elle offre un cadre juridique et institutionnel souple, capable de fédérer acteurs publics, privés et communautés locales autour de projets régénératifs et résilients.

Les études de cas analysées — de la plateforme AGILE à la fondation de Genève, du Pacte de Glasgow à l’initiative Frontières vertes — démontrent que l’Impact Diplomacy n’est pas un simple concept théorique, mais un levier d’action concrète pour la biodiversité, la cohésion sociale, la paix et le développement durable. Elle transforme les mécanismes de compensation et de CSR en une dynamique proactive, où les engagements ne servent plus à “faire moins mal”, mais à “faire mieux” dès la conception.

Face aux risques de fragmentation normative, de greenwashing et d’inégalités de capacité, son avenir dépendra de notre capacité collective à harmoniser les standards, à renforcer la redevabilité et à développer des hubs de gouvernance mondiale. En inscrivant la coopération internationale dans une logique de régénération et d’abondance juste, la Diplomatie de l’Impact ouvre la voie à une diplomatie renouvelée, au service d’un monde durable, équitable et résilient.


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